Il n'y a pas de nouveaux métiers mais de nouvelles compétences 

Avec la digitalisation de la société et du monde de l’entreprise, de nouveaux métiers émergent dans de nombreux secteurs d’activités : data scientist, traffic manager, data protection officer ou encore expert en cybersécurité. Cependant, ces nouveaux métiers restent relativement marginaux et ce sont surtout les métiers existants qui évoluent sous l’influence de nouveaux facteurs. Ainsi il devient indispensable pour les cadres d’identifier les nouvelles compétences nécessaires pour rester compétitif dans une entreprise en pleine mutation.

Les facteurs d’évolution

On peut dénombrer 4 facteurs qui ont un impact direct et immédiat sur l’apparition de nouveaux métiers et de nouvelles compétences requises pour les cadres :

La réglementation
Le numérique
La transition énergétique
L’innovation

La réglementation est partout et concerne tous les secteurs. Les textes peuvent apparaitre suite à un événement exceptionnel (crise) ou pour démarrer des réformes plus structurelles dans certains cas et l’ensemble des secteurs sont touchés par cette véritable inflation réglementaire : chimie, santé, immobilier, banque... Par exemple, au niveau européen, le nouveau règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) obligera les entreprises, à compter du 1er mai 2018, à se conformer aux dispositions du règlement sous peine de sanctions financières. Cela a pour effet d’imposer aux juristes et fiscalistes d’élargir leur champ de compétences et de renouveler sans cesse leurs connaissances (droit de l’internet…). Par ailleurs, ces réglementations affectent également les métiers plus traditionnels qui doivent désormais prendre en compte ces réglementations dans leur travail, cela peut être le cas dans la recherche notamment pour le développement ou l’utilisation d’une molécule.

La transformation numérique impacte nécessairement les métiers liés à l’informatique mais aussi tous les autres secteurs. La transformation numérique concerne les entreprises et les individus à travers une modification des usages liés aux évolutions technologiques que l’on peut regrouper sous l’acronyme SMACS : Social, Mobility, Analytics, Cloud, Security. La quantité de données à traiter a fortement augmenté et de nouveaux besoins sont apparus en termes de stockage et de sécurité. Ainsi, le métier de Responsable de data center est en plein développement mais on voit également progresser des métiers tels que Ingénieur cloud et virtualisation, Architecte fonctionnel ou encore Data scientist. De la même façon le nombre d’offres publiées sur l’APEC pour des postes d’experts en cybersécurité a été multiplié par 4 de 2014 à 2016.

Les secteurs dits traditionnels sont également en pleine mutation comme l’Industrie dans laquelle il est désormais possible d’intégrer des outils numériques à chaque étape du processus : de la conception à la vente et on peut également faire des simulations numériques sur l’implémentation de nouveaux procédés de fabrication par exemple. Le Marketing change lui aussi car les données traitées permettent d’affiner les recommandations et de multiplier les canaux de ventes et de communication. Il en est de même pour les Ressources Humaines où les outils de recrutement et de sourcing se multiplient et où l’on peut désormais proposer des formations sous la forme de MOOC et E-learning à condition d’être bien entendu formé pour utiliser/développer ces outils.

La transition énergétique, aussi appelée transition écologique, a pour but de transformer notre façon de produire, de consommer et de travailler. On considère qu’une trentaine de filières sont directement concernées par la transition énergétique mais 3 secteurs ont fait l’objet d’études plus approfondies sur l’impact de cette transition : la construction, l’énergie et l’automobile. Quelques métiers nouveaux sont apparus tels que celui d’Ingénieur déconstruction nucléaire ou d’expert bilan-carbone mais cela reste relativement marginal. En revanche des métiers existants tels que Ingénieur et de chef de projets en efficacité énergétique ou en énergies renouvelables se sont développé. Les métiers traditionnels tels qu’Ingénieur moteurs, Ingénieur thermicien et Ingénieur matériau ont dû s’adapter aux nouvelles contraintes en termes de respect des normes environnementales et de recyclage en particulier.

La dynamique de l’emploi des cadres est fortement liée à celle des investissements dans l’Innovation. A ce titre l’Ingénierie R&D et l’informatique sont deux secteurs directement impactés et où les emplois se développent fortement. Mais les métiers existants liés aux usages des outils numériques, à la gestion de projet ou encore à l’organisation sont eux en réelle mutation. On peut citer notamment les métiers d’acheteur, de responsable de production, de responsable QHSSE, d’organisateur ou encore de responsable brevets qui se transforment au fil des innovations.

Une fragmentation des métiers ?  

Le besoin de plus en plus poussé de spécialisation et d’expertise semble conduire à une forme de fragmentation des métiers et plus particulièrement des métiers du numérique où les innovations et nouvelles technologies viennent changer les usages et les besoins en compétences techniques en continu.  

Un exemple assez marquant est celui du métier de Webmaster. Ce métier est né dans les années 2000 et à l’époque le Webmaster prend en charge l’ensemble des aspects : conception, développement, rédactionnel… Puis avec l’arrivée du e-commerce et le développement des contenus on assiste à une scission entre le métier de Webmaster (développement pur) et de Rédacteur Web (gestion des contenus) et de Référenceur. Puis avec les réseaux sociaux et la forte hausse de l’utilisation d’Internet (mobile, tablettes…) de nouveaux métiers vont apparaître tels que Community manager ou Traffic manager. En parallèle les sites deviennent de plus en plus complexes et intègrent des fonctionnalités très avancées. De cette évolution vont naitre les métiers d’Architecte web, d’ingénieur fonctionnel et de chef de projet web.

Pour rester employables, les cadres doivent se former

Ainsi on constate que de nouveaux métiers sont apparus en lien avec les facteurs tels que la transformation numérique et l’innovation. Les secteurs de l’Informatique, de la R&D, de l’Industrie et de la Construction sont directement impactés et concentrent le plus grand nombre de nouveaux métiers. Cependant ces nouveaux métiers restent marginaux. En revanche les métiers existants sont fortement impactés par ces changements avec une forte tendance à la spécialisation et l’apparition de nouvelles compétences qui deviennent nécessaire pour ces métiers dits traditionnel. Aussi, s’il souhaite maintenir son employabilité et développer ses perspectives d’évolution, le cadre d’aujourd’hui doit se former en permanence et acquérir les compétences en rapport avec ces nouvelles technologies et outils numériques. La formation continue est plus que jamais un enjeu crucial pour le salarié et l’entreprise de demain.

Mathieu CHERUBIN

Source APEC 2018

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